Mme Le Bœuf, présidente du conseil national de l’ordre des infirmiers a pointé les campagnes anti-ordre menées par les syndicats et l’attitude du ministère. « Quand on dit aux infirmières de ne pas cotiser, que le directeur d’hôpital est d’accord avec ça et la ministre aussi, pourquoi voulez-vous qu’elles cotisent? »
Lors de son point presse de décembre, l’ordre a annoncé 77653 professionnels inscrits au tableau. ActuSoins s’est procuré des documents internes qui dressent plus précisément l’état des lieux d’une institution en difficulté :
Depuis le mois de septembre 2009, date des premiers appels à inscription et à cotisation, les professionnels infirmiers, à l’instar des kinés, sont rentrés en résistance avec l’appui de l’intersyndicale CGT,CFDT,FO,UNSA,SUD,CFTC,SNICS-FSU pour l’abrogation des ordres professionnels.
Ils refusent de retourner le dossier d’inscription (très inquisiteur) et organise des actions collectives pour faire entendre leurs voix.
Nouveaux-nouvelles diplômé(e)s, vous vous apprêtez à postuler pour un poste dans des établissements dans ce contexte de mise en place de l’ordre infirmier. Certaines directions, certains employeurs vont essayer d’exiger pour votre embauche la preuve de votre inscription à l’ordre infirmier Ceci est abusif et prématuré.
Ce n’est en effet, pas par hasard, si la mise en place des ordres professionnels arrive au moment où d’importantes réformes sont en cours. Le gouvernement a besoin de démultiplier les instances, de diviser les professions (la discussion est ouverte pour des ordres concernant les aides soignants et psychologues) et leurs représentants, de contenir les contestations, pour imposer ses projets de régression :
– La loi HPST qui met à mal le système de santé publique. L’hôpital doit être « rentable ». Pour ce faire, il doit « produire des actes », qui à terme seront essentiellement réalisés par des libéraux. Cette politique de « saucissonnage » des soins se fait au détriment d’une prise en charge globale.
– La refonte des études des professions médicales et paramédicales au service de la déqualification des emplois. Sous couvert d’améliorer la nécessaire « coopération des professionnels de santé » et de « reconnaître les niveaux de qualification », le Ministère a entrepris la transformation des contenus professionnels afin de limiter le nombre de professionnels éligibles au niveau Licence et Master.
– Le transfert des missions de service public à des structures privées dans le cadre de la Révision Générale des Politiques Publiques. Ce ne seront plus les DDASS et les DRASS qui géreront le suivi des professions paramédicales.
– Pour les salariés, le transfert des responsabilités de l’établissement vers la responsabilité individuelle du professionnel.